La place de la foi dans la vie du chrétien
D’une manière générale, toute religion se définit comme un attachement (religare)
ferme à un Etre transcendant ou du moins au sacré. Nous pouvons noter d’emblée
que ledit attachement ne peut se faire sans un minimum de foi, vu le caractère
surnaturel de cette relation. La religion chrétienne s’inscrit dans cette perspective. Selon Abbé Paul dans son œuvre intitulée Dessein
de Dieu : « La foi est le fondement du christianisme (…) C’est
par la foi que s’inaugure en l’homme l’existence chrétienne ». En effet,
la profession de foi est nécessaire dans le rite du baptême, porte d’entrée dans
le christianisme et c’est par elle qu’on y reste. C’est en cela que nous
voudrions examiner la place de la foi dans la vie du chrétien d’aujourd’hui vu
la montée du relativisme des croyances de nos jours. Pour ce faire, nous allons
remonter à l’époque de Jésus pour analyser la primauté de la foi dans
l’avènement du règne de Dieu. Et partant de là, nous analyserons, aussi la
place de foi pour l’accomplissement des promesses de Dieu dans la vie du
chrétien d’aujourd’hui. Mais quels sont les moyens de fortification et
d’expression de cette foi chrétienne ? La réponse à cette question
constituera la seconde phase de notre analyse.
I-Primauté la foi dans la vie du chrétien
La
foi est primordiale et sans elle on ne peut parler de vie chrétienne. La foi a
été nécessaire dans l’attente du Messie et elle l’est aujourd’hui encore pour
comprendre les mystères de Dieu
1-De la foi des contemporains de Jésus
Aux environs du VIIe
siècle avant Jésus-Christ, les prophètes, en l’occurrence Isaïe, avaient déjà
annoncé l’avènement du Messie. Les attributs du Messie étaient, entre autres, Roi
des rois, Lion de la tribu de Juda, Prince de la paix ,etc. Etait-il facile
pour les contemporains de Jésus de reconnaître sa messianité ? En effet, Il est
né d’une femme, issue d’une famille modeste. Ce fut un simple charpentier qui a
vécu dans la discrétion jusqu’à l’âge de 30 ans. Si nous étions les
contemporains de Jésus, serions-nous capables de percevoir sa divinité à
travers son humanité ? Serions-nous prompts à croire qu’Il est l’Oint,
l’Envoyé de Dieu, le Messie longtemps
annoncé ? Cela n’est pas une évidence. La foi est une vertu
surnaturelle que nous devrions demander à Dieu. Il nous faut croire pour pouvoir
voir la réalisation des desseins d’amour de Dieu dans notre vie. Jésus n’a
cessé de nous le répéter : « Crois
seulement », « Si vous croyez en Dieu, croyez aussi en
moi », « Ta foi t’a sauvé » (Mt 9, 22). Certains personnages
bibliques, en vertu de leur foi, ont eu l’exaucement de leur prière. Nous
notons par exemple l’aveugle qui criait : « Fils de David, aie pitié
de moi » (Lc18, 38 ) ; le lépreux en qui déclarait à Jésus
« si tu le veux, tu peux me rendre pur » (Lc 6,27) ; et la
femme atteinte d’un flux de sang depuis
douze années et qui se disait au fond d’elle « si je parviens à
toucher ses vêtements, je serai guérie » (Lc8,40-45). Tous ces personnages
avaient la ferme conviction que Jésus pouvait les délivrer de leurs maux. Jésus
n’a pas accompli de signes à la demande des pharisiens à cause de leur
incrédulité. Pour nous chrétiens
d’aujourd’hui, quelle doit être notre part de foi dans l’avènement du règne de
Dieu ? C’est à cette question qu’il nous faut répondre maintenant.
2-Nécessité de la foi pour le chrétien d'aujourd’hui
Pour certains, croire de
nos jours semble aller de soi. Grâce à la liberté religieuse il y a de moins en
moins de persécutions à l’endroit des chrétiens. Nous professons notre foi presque quotidiennement à travers les
Symboles des Apôtres ou de Nicée de Constantinople qui sont des rassemblements
des morceaux épars de la foi chrétienne. Mais par une analyse approfondie nous
découvrons que croire aux paroles du Christ n’est pas une évidence comme
admettre la lumière du soleil. En effet, Dieu semble le plus souvent se cacher
davantage par son acte même de révélation, comme le disait Blaise Pascal.
Pensons aux sept sacrements et prenons par exemple l’Eucharistie qui est le
sommet de la vie chrétienne et la manifestation visible du Christ. Sans la foi
en ce que l’on reçoit, le chrétien ne saurait bénéficier des fruits de ce
sacrement. C’est dans ce sens que le Père Caffarel disait que l’Eucharistie
dans une âme qui ne prie pas est comme une semence en terre non labourée (Cf. Oraison
sans frontière 2015). Elle ne peut pas produire de fruits.
Pour d’autres, la foi de
nos jours semble de plus en plus ardue voire
creuse. Dans leur logique, les miracles accomplis
par Jésus ne peuvent plus avoir lieu de nos jours. Jésus a fait voir des
aveugles, marcher des boiteux. Il a purifié des lépreux et ressuscité des
morts. Et Il nous a dit « si votre foi vaut un grain de sénevé, vous
accomplirez autant de miracles que j’en ai fait » car nous déplacerons
même des montagnes. Croyons-nous à cela ? Les apôtres de Jésus et bien
d’autres disciples expérimentent cela et continuent de manifester la gloire de
Dieu parmi les hommes. Toi, chrétien de nos jours as-tu déjà fait l’expérience
de la puissance salvatrice de Dieu dans ta vie ? Bon nombre de chrétiens
ne croit pas fermement de nos jours. Or, Jésus même nous invite a la confiance
dans nos prière « Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous
trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ;
qui cherche trouve ; et à qui frappe on ouvrira » (Mt7, 7-8 ).
Il nous invite à avoir confiance, à croire que notre prière est déjà exaucée et
à ne point douter. Oui, pour être exaucé
et sauvé il faut la foi avant tout la foi. Mais cette foi que le Seigneur nous
demande ne vient pas d’ailleurs, c’est lui-même qui nous la donne. La foi est
un don Dieu.
3-La foi, un don de Dieu
Les deux points
précédant nous apprennent que la foi
n’est pas accordée grâce aux seuls efforts de notre intelligence. Elle a un
caractère surnaturel et la grâce de Dieu est indispensable dans le processus de
son acquisition. L’Abbé Paul souligne dans Dessein de Dieu que la foi
est « une vertu infuse dans l’âme par Dieu», «un don
de Dieu, une illumination surnaturelle conférée à l’âme ». C’est donc un don, une grâce que nous devrions demander à Dieu. Les disciples de Jésus Lui ont toujours demandé d’affermir leur foi quand bien même ils étaient tous le temps à ses côtés. Comme le centurion romain, crions à Dieu, « je crois Seigneur mais viens en aide à la faiblesse de ma foi » Le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) en son no 27 mentionne que « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui… » Sans la grâce de Dieu, l’esprit humain est incapable de saisir la grandeur et la magnificence des desseins d’amour de Dieu pour l’humanité. Mais comment la foi est-elle ou doit-elle être vécue ? Peut-on croire sans que cela ne soit manifeste ? Par quels moyens le chrétien exprime-t-il ou peut-il exprimer sa foi.
de Dieu, une illumination surnaturelle conférée à l’âme ». C’est donc un don, une grâce que nous devrions demander à Dieu. Les disciples de Jésus Lui ont toujours demandé d’affermir leur foi quand bien même ils étaient tous le temps à ses côtés. Comme le centurion romain, crions à Dieu, « je crois Seigneur mais viens en aide à la faiblesse de ma foi » Le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) en son no 27 mentionne que « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui… » Sans la grâce de Dieu, l’esprit humain est incapable de saisir la grandeur et la magnificence des desseins d’amour de Dieu pour l’humanité. Mais comment la foi est-elle ou doit-elle être vécue ? Peut-on croire sans que cela ne soit manifeste ? Par quels moyens le chrétien exprime-t-il ou peut-il exprimer sa foi.
II- La profession ou
expression de la foi chrétienne
Professer sa foi
chrétienne, c’est déclarer ouvertement et publiquement son attachement à Dieu
Le Père, à Jésus son Fils Unique et à l’Esprit Saint qui procède du Père et du
Fils. C’est d’une manière générale, vivre selon les commandements de Dieu, les
lois et enseignements de l’Eglise. Saint Paul nous enseigne dans sa lettre aux
Romains que la foi du cœur obtient certes la justice mais le salut est obtenu
par la confession des lèvres (Rm 10,10). Le chrétien ne peut ou du moins ne
doit donc vivre sa foi sans une vie de témoignage ; car, comme le disait
Saint Jacques, la foi sans les œuvres est morte comme le corps sans l’âme (Jc
2,26). Nous voudrions proposer quelques moyens par lesquels le chrétien
pourrait vivre, nourrir et entretenir sa foi.
1-La Prière
La prière est une vie de
relation de l’homme avec Dieu. C’est un « cœur à cœur avec
Dieu » souligne Saint Bernard. Dans une perspective chrétienne, on ne
saurait vivre la foi qui est une relation avec Dieu sans la prière. Sans une
communication continuelle, les relations interpersonnelles se fragilisent.
Ainsi, pour consolider notre relation avec Dieu, nous devrions aimer
communiquer avec Lui. C’est-à-dire Le
prier. Et prier Dieu, c’est Le bénir, L’adorer, Lui adresser des demandes, Lui
rendre grâce ou Le louer. La prière est indispensable à la vie de notre âme
comme la respiration l’est à la vie de notre corps. Qui pourrait dire qu’il ne
sait pas prier ? Comme l’enfant qui apprend à parler en parlant, c’est en
priant que nous apprenons à prier. Nous
pouvons dire que la vraie école de prière c’est la prière elle-même. Toute la
vie du chrétien doit être prière, mettant Dieu au centre de sa vie, ses
activités et méditant sa parole à tout moment dans sa vie. C’est en étant
enraciné dans la prière que le chrétien pourrait mener une vie de charité et de
pardon, manifestation visible de sa foi.
2-La Charité et le Pardon
La charité et le pardon
constituent des corollaires d’une vie chrétienne authentiquement fondée
sur la foi en Christ. Toute la vie de Jésus a été une concrétisation de ces deux
dimensions de la Chrétienté. Il a été le
premier à vivre son enseignement à ce sujet. Il dit : « le plus grand
amour, c’est de donner sa vie pour ceux qu’on aime »?, « Aimez
vos ennemis, pardonnez-leur ». Le Christ a manifesté l’amour
inconditionnel et insondable de Dieu à l’humanité par sa mort sur la croix et
le fait de pardonner à ses bourreaux. Le chrétien est invité à méditer
profondément l’attitude de Jésus pour mieux comprendre son enseignement à ce
sujet. Le Christ nous a fait savoir que le disciple n’est pas plus grand que
son maître. Ainsi, le chrétien qui est disciple du Christ, doit suivre son
exemple. Il doit, d’un amour sincère aimer Dieu et aimer son prochain. Et c’est
en aimant qu’il sera capable de pardon. L’apôtre Pierre souligne dans 1P 4,8
que la charité couvre une multitude de péchés. La charité excuse tout, croit
tout, espère tout et supporte tout nous dit Saint Paul dans 1Co13,7. Le pardon
libère. C’est dans cette liberté de conscience que le chrétien peut mieux vivre
sa foi connaissant sa condition de créature et aimer Dieu.
3-La confession
« Malheureux homme que je suis ! Qui me délivrera de
ce corps qui me voue à la mort ? », s’interroge Saint Paul dans Rm
7,24. Il se voit fragile et faible même devant sa propre volonté. Ce qui veut
dire que ce n’est pas l’ignorance du bien qui entraîne le mal. Le plus souvent
le bien est connu, les commandements de Dieu sont connus mais il nous arrive
quand même de pécher. « L’esprit est ardent mais la chair est
faible » disait Jésus. Le sacrement de
réconciliation est un lieu de restauration du chrétien dans sa relation avec
Dieu. Notons que le fait de se reconnaître pécheur est une marque de foi ainsi
que le fait d’avoir confiance en l’Amour miséricordieux de Dieu. C’est ainsi
que Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait dans le carnet rouge de Soeur
Marie de la Trinité que « la confusion d’avoir péché doit céder
le pas à la confusion d’être tant aimé
(...) car là où il y a la gravité du péché, la grâce de Dieu a
surabondé ». Mais il faut savoir que le chrétien ne doit pas en
considérant cette exaltation de la miséricorde de Dieu s’enliser dans une
léthargie spirituelle. Comme le dit l’auteur du Siracide « Ne sois
pas si assuré du pardon de Dieu que tu entasse péché sur péché », Si5,5.
Retenons que la confession, c’est l’acte par lequel le chrétien reconnait et
regrette ses actions / péchés qui l’ont souillé et décide d’aller se
purifier auprès d’un Prêtre. Elle peut se comparer au bain qui non seulement
nous rend propre mais nous procure aussi du bien-être surtout auprès de Dieu.
La confession permet de grandir dans la foi.
4-Patience et persévérance dans les épreuves
Le Christ est venu
racheter tout le genre humain mais sans supprimer toutes les peines et
souffrances que connait la race humaine. Autrement dit, la foi en Christ
n’exempt pas le chrétien de tous ses maux. De nos jours, nombreux sont les
chrétiens qui redoutent beaucoup la souffrance. Pourtant, Jésus nous
interpelle : « celui qui veut venir à moi, qu’il se charge de sa
croix » La « croix » désigne ici la peine et la misère que peut
connaitre tout homme. Il ne suffit donc pas de vivre dans des situations difficiles
pour dire que l’on porte sa croix mais de vivre chaque moment pénible de sa vie
comme participation à la souffrance du Christ par amour. C’est en ce sens que
Saint Paul disait que tout ce que l’on fait est vain si cela n’est pas motivé
par l’amour. La vie chrétienne est inséparable de la souffrance car comme
disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, « c’est en souffrant que l’on
ressemble plus au Christ » dans le Carnet rouge de Sœur Marie de la
Trinité. L’auteur du Superacide avait compris cela lorsqu’il
dit « prépare-toi à l’épreuve si tu veux servir le Seigneur ».
Nous sommes donc invités à nous interroger comme Job « si nous accueillons
le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le
malheur ? », Jb 2,10 . Puisque Dieu lui-même peut éprouver la foi
du chrétien comme cela a été le cas avec Abraham. Les épreuves purifient la foi
du chrétien comme le feu qui purifie l’or.
Conclusion
La relation de l’homme avec
Dieu ne peut être effective sans une dimension de foi. Ladite foi est une vertu
surnaturelle qui permet au chrétien de voir la
manifestation de Dieu dans le monde et particulièrement dans sa vie.
L’intelligence humaine contribue certes dans l’acte de foi mais
reconnaissons que celle-ci n’est pas une résultante des seuls efforts du
chrétien. Elle est une vertu, une grâce que le chrétien doit demander à Dieu
qui est aussi prompt à la lui accorder. Etre chrétien et croire sont
intrinsèquement liés. La foi est plus que jamais indispensable pour la survie
spirituelle du chrétien. Il a fallu la foi pour attendre l’avènement du Messie,
il a fallu la foi pour le reconnaître, il faut la foi pour attendre son retour
(la parousie). Il nous faudrait peut-être même la foi dans l’Au-delà car, même
en contemplant Dieu tel qu’Il est (comme le dit Saint Jean) nous ne pourrions
pas comprendre tous les mystères qui entourent sa divinité.
Sources :
Bible de Jérusalem, (BJ), Paris Cerf ∕ Verbum Bible, 1995.
Bible de Jérusalem, (BJ), Paris Cerf ∕ Verbum Bible, 1995.
Catéchisme de l’Église Catholique, nouvelle édition/centurion/cerf/Fleurus-Mame/CEC,
2011
KOALA Hermann
Deuxième année
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