mercredi 28 novembre 2018

La place de la foi dans la vie du chrétien


            La place de la foi dans la vie du chrétien

D’une manière générale, toute religion se définit comme un attachement (religare) ferme à un Etre transcendant ou du moins au sacré. Nous pouvons noter d’emblée que ledit attachement ne peut se faire sans un minimum de foi, vu le caractère surnaturel de cette relation. La religion chrétienne  s’inscrit dans cette perspective. Selon  Abbé Paul dans son œuvre intitulée Dessein de Dieu : « La foi est le fondement du christianisme (…) C’est par la foi que s’inaugure en l’homme l’existence chrétienne ». En effet, la profession de foi est nécessaire dans le rite du baptême, porte d’entrée dans le christianisme et c’est par elle qu’on y reste. C’est en cela que nous voudrions examiner la place de la foi dans la vie du chrétien d’aujourd’hui vu la montée du relativisme des croyances de nos jours. Pour ce faire, nous allons remonter à l’époque de Jésus pour analyser la primauté de la foi dans l’avènement du règne de Dieu. Et partant de là, nous analyserons, aussi la place de foi pour l’accomplissement des promesses de Dieu dans la vie du chrétien d’aujourd’hui. Mais quels sont les moyens de fortification et d’expression de cette foi chrétienne ? La réponse à cette question constituera la seconde phase de notre analyse.

I-Primauté la foi dans la vie du     chrétien


            La foi est primordiale et sans elle on ne peut parler de vie chrétienne. La foi a été nécessaire dans l’attente du Messie et elle l’est aujourd’hui encore pour comprendre les mystères de Dieu

1-De la foi des contemporains de    Jésus

            Aux environs du VIIe siècle avant Jésus-Christ, les prophètes, en l’occurrence Isaïe, avaient déjà annoncé l’avènement du Messie. Les attributs du Messie étaient, entre autres, Roi des rois, Lion de la tribu de Juda, Prince de la paix ,etc. Etait-il facile pour les contemporains de Jésus de reconnaître sa messianité ? En effet, Il est né d’une femme, issue d’une famille modeste. Ce fut un simple charpentier qui a vécu dans la discrétion jusqu’à l’âge de 30 ans. Si nous étions les contemporains de Jésus, serions-nous capables de percevoir sa divinité à travers son humanité ? Serions-nous prompts à croire qu’Il est l’Oint, l’Envoyé de Dieu, le Messie longtemps  annoncé ? Cela n’est pas une évidence. La foi est une vertu surnaturelle que nous devrions demander à Dieu. Il nous faut croire pour pouvoir voir la réalisation des desseins d’amour de Dieu dans notre vie. Jésus n’a cessé de nous le répéter : « Crois seulement », «  Si vous croyez en Dieu, croyez aussi en moi », « Ta foi t’a sauvé » (Mt 9, 22). Certains personnages bibliques, en vertu de leur foi, ont eu l’exaucement de leur prière. Nous notons par exemple l’aveugle qui criait : «  Fils de David, aie pitié de moi » (Lc18, 38 ) ; le lépreux en qui déclarait à Jésus « si tu le veux, tu peux me rendre pur » (Lc 6,27) ; et la femme  atteinte d’un flux de sang depuis douze années et qui se disait au fond d’elle « si je parviens à toucher ses vêtements, je serai guérie » (Lc8,40-45). Tous ces personnages avaient la ferme conviction que Jésus pouvait les délivrer de leurs maux. Jésus n’a pas accompli de signes à la demande des pharisiens à cause de leur incrédulité.  Pour nous chrétiens d’aujourd’hui, quelle doit être notre part de foi dans l’avènement du règne de Dieu ? C’est à cette question qu’il nous faut répondre maintenant.

 2-Nécessité de la foi pour le chrétien d'aujourd’hui

            Pour certains, croire de nos jours semble aller de soi. Grâce à la liberté religieuse il y a de moins en moins de persécutions à l’endroit des chrétiens. Nous professons  notre foi presque quotidiennement à travers les Symboles des Apôtres ou de Nicée de Constantinople qui sont des rassemblements des morceaux épars de la foi chrétienne. Mais par une analyse approfondie nous découvrons que croire aux paroles du Christ n’est pas une évidence comme admettre la lumière du soleil. En effet, Dieu semble le plus souvent se cacher davantage par son acte même de révélation, comme le disait Blaise Pascal. Pensons aux sept sacrements et prenons par exemple l’Eucharistie qui est le sommet de la vie chrétienne et la manifestation visible du Christ. Sans la foi en ce que l’on reçoit, le chrétien ne saurait bénéficier des fruits de ce sacrement. C’est dans ce sens que le Père Caffarel disait que l’Eucharistie dans une âme qui ne prie pas est comme une semence en terre non labourée (Cf. Oraison sans frontière 2015). Elle ne peut pas produire de fruits.
            Pour d’autres, la foi de nos jours semble de plus en plus ardue voire creuse. Dans leur logique, les miracles accomplis par Jésus ne peuvent plus avoir lieu de nos jours. Jésus a fait voir des aveugles, marcher des boiteux. Il a purifié des lépreux et ressuscité des morts. Et Il nous a dit « si votre foi vaut un grain de sénevé, vous accomplirez autant de miracles que j’en ai fait » car nous déplacerons même des montagnes. Croyons-nous à cela ? Les apôtres de Jésus et bien d’autres disciples expérimentent cela et continuent de manifester la gloire de Dieu parmi les hommes. Toi, chrétien de nos jours as-tu déjà fait l’expérience de la puissance salvatrice de Dieu dans ta vie ? Bon nombre de chrétiens ne croit pas fermement de nos jours. Or, Jésus même nous invite a la confiance dans nos prière « Demandez et l’on vous donnera, cherchez et vous trouverez, frappez et l’on vous ouvrira. Car quiconque demande reçoit ; qui cherche trouve ; et à qui frappe on ouvrira » (Mt7, 7-8 ). Il nous invite à avoir confiance, à croire que notre prière est déjà exaucée et à ne point douter.  Oui, pour être exaucé et sauvé il faut la foi avant tout la foi. Mais cette foi que le Seigneur nous demande ne vient pas d’ailleurs, c’est lui-même qui nous la donne. La foi est un don Dieu.

3-La foi, un don de Dieu

            Les deux points précédant  nous apprennent que la foi n’est pas accordée grâce aux seuls efforts de notre intelligence. Elle a un caractère surnaturel et la grâce de Dieu est indispensable dans le processus de son acquisition. L’Abbé Paul souligne dans Dessein de Dieu que la foi est « une vertu infuse dans l’âme par Dieu», «un don
de Dieu, une illumination surnaturelle conférée à l’âme ». C’est donc un don, une grâce que nous devrions demander à Dieu. Les disciples de Jésus Lui ont toujours demandé d’affermir leur foi quand bien même ils étaient tous le temps à ses côtés. Comme le centurion romain, crions à Dieu, « je crois Seigneur mais viens en aide à la faiblesse de ma foi »
 Le Catéchisme de l’Eglise Catholique (CEC) en son no 27 mentionne  que « Le désir de Dieu est inscrit dans le cœur de l’homme, car l’homme est créé par Dieu et pour Dieu ; Dieu ne cesse d’attirer l’homme vers Lui… » Sans la grâce de Dieu, l’esprit humain est incapable de saisir la grandeur et la magnificence des desseins d’amour de Dieu pour l’humanité. Mais comment la foi est-elle ou doit-elle être vécue ? Peut-on croire sans que cela ne soit manifeste ? Par quels moyens le chrétien exprime-t-il ou peut-il exprimer sa foi.

II- La profession ou   expression de la foi chrétienne
            Professer sa foi chrétienne, c’est déclarer ouvertement et publiquement son attachement à Dieu Le Père, à Jésus son Fils Unique et à l’Esprit Saint qui procède du Père et du Fils. C’est d’une manière générale, vivre selon les commandements de Dieu, les lois et enseignements de l’Eglise. Saint Paul nous enseigne dans sa lettre aux Romains que la foi du cœur obtient certes la justice mais le salut est obtenu par la confession des lèvres (Rm 10,10). Le chrétien ne peut ou du moins ne doit donc vivre sa foi sans une vie de témoignage ; car, comme le disait Saint Jacques, la foi sans les œuvres est morte comme le corps sans l’âme (Jc 2,26). Nous voudrions proposer quelques moyens par lesquels le chrétien pourrait vivre, nourrir et entretenir sa foi.

1-La Prière

            La prière est une vie de relation de l’homme avec Dieu. C’est un « cœur à cœur avec Dieu » souligne Saint Bernard. Dans une perspective chrétienne, on ne saurait vivre la foi qui est une relation avec Dieu sans la prière. Sans une communication continuelle, les relations interpersonnelles se fragilisent. Ainsi, pour consolider notre relation avec Dieu, nous devrions aimer communiquer avec Lui.  C’est-à-dire Le prier. Et prier Dieu, c’est Le bénir, L’adorer, Lui adresser des demandes, Lui rendre grâce ou Le louer. La prière est indispensable à la vie de notre âme comme la respiration l’est à la vie de notre corps. Qui pourrait dire qu’il ne sait pas prier ? Comme l’enfant qui apprend à parler en parlant, c’est en priant que nous apprenons à prier.    Nous pouvons dire que la vraie école de prière c’est la prière elle-même. Toute la vie du chrétien doit être prière, mettant Dieu au centre de sa vie, ses activités et méditant sa parole à tout moment dans sa vie. C’est en étant enraciné dans la prière que le chrétien pourrait mener une vie de charité et de pardon, manifestation visible de sa foi.



2-La Charité et le Pardon

La charité et le pardon  constituent des corollaires d’une vie chrétienne authentiquement fondée sur la foi en Christ. Toute la vie de Jésus a été une concrétisation de ces deux dimensions de la Chrétienté. Il a été le premier à vivre son enseignement à ce sujet. Il dit : « le plus grand amour, c’est de donner sa vie pour ceux qu’on aime »?, « Aimez vos ennemis, pardonnez-leur ». Le Christ a manifesté l’amour inconditionnel et insondable de Dieu à l’humanité par sa mort sur la croix et le fait de pardonner à ses bourreaux. Le chrétien est invité à méditer profondément l’attitude de Jésus pour mieux comprendre son enseignement à ce sujet. Le Christ nous a fait savoir que le disciple n’est pas plus grand que son maître. Ainsi, le chrétien qui est disciple du Christ, doit suivre son exemple. Il doit, d’un amour sincère aimer Dieu et aimer son prochain. Et c’est en aimant qu’il sera capable de pardon. L’apôtre Pierre souligne dans 1P 4,8 que la charité couvre une multitude de péchés. La charité excuse tout, croit tout, espère tout et supporte tout nous dit Saint Paul dans 1Co13,7. Le pardon libère. C’est dans cette liberté de conscience que le chrétien peut mieux vivre sa foi connaissant sa condition de créature et aimer Dieu.

        3-La confession

            « Malheureux  homme que je suis ! Qui me délivrera de ce corps qui me voue à la mort ? », s’interroge Saint Paul dans Rm 7,24. Il se voit fragile et faible même devant sa propre volonté. Ce qui veut dire que ce n’est pas l’ignorance du bien qui entraîne le mal. Le plus souvent le bien est connu, les commandements de Dieu sont connus mais il nous arrive quand même de pécher. « L’esprit est ardent mais la chair est faible » disait Jésus. Le sacrement de réconciliation est un lieu de restauration du chrétien dans sa relation avec Dieu. Notons que le fait de se reconnaître pécheur est une marque de foi ainsi que le fait d’avoir confiance en l’Amour miséricordieux de Dieu. C’est ainsi que Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus disait dans le carnet rouge de Soeur Marie de la Trinité que « la confusion d’avoir péché doit céder le pas à la confusion  d’être tant aimé (...) car là où il y a la gravité du péché, la grâce de Dieu a surabondé ». Mais il faut savoir que le chrétien ne doit pas en considérant cette exaltation de la miséricorde de Dieu s’enliser dans une léthargie spirituelle. Comme le dit l’auteur du Siracide «  Ne sois pas si assuré du pardon de Dieu que tu entasse péché sur péché », Si5,5. Retenons que la confession, c’est l’acte par lequel le chrétien reconnait et regrette ses actions / péchés qui l’ont souillé et décide d’aller se purifier auprès d’un Prêtre. Elle peut se comparer au bain qui non seulement nous rend propre mais nous procure aussi du bien-être surtout auprès de Dieu. La confession permet de grandir dans la foi.

  4-Patience et persévérance dans les épreuves

            Le Christ est venu racheter tout le genre humain mais sans supprimer toutes les peines et souffrances que connait la race humaine. Autrement dit, la foi en Christ n’exempt pas le chrétien de tous ses maux. De nos jours, nombreux sont les chrétiens qui redoutent beaucoup la souffrance. Pourtant, Jésus nous interpelle : « celui qui veut venir à moi, qu’il se charge de sa croix » La « croix » désigne ici la peine et la misère que peut connaitre tout homme. Il ne suffit donc pas de vivre dans des situations difficiles pour dire que l’on porte sa croix mais de vivre chaque moment pénible de sa vie comme participation à la souffrance du Christ par amour. C’est en ce sens que Saint Paul disait que tout ce que l’on fait est vain si cela n’est pas motivé par l’amour. La vie chrétienne est inséparable de la souffrance car comme disait Sainte Thérèse de l’Enfant Jésus, « c’est en souffrant que l’on ressemble plus au Christ » dans le Carnet rouge de Sœur Marie de la Trinité. L’auteur du Superacide avait compris cela lorsqu’il dit « prépare-toi à l’épreuve si tu veux servir le Seigneur ». Nous sommes donc invités à nous interroger comme Job « si nous accueillons le bonheur comme un don de Dieu, comment ne pas accepter de même le malheur ? », Jb 2,10 . Puisque Dieu lui-même peut éprouver la foi du chrétien comme cela a été le cas avec Abraham. Les épreuves purifient la foi du chrétien comme le feu qui purifie l’or.

                        
                Conclusion


        La relation de l’homme avec Dieu ne peut être effective sans une dimension de foi. Ladite foi est une vertu surnaturelle qui permet au chrétien de voir la manifestation de Dieu dans le monde et particulièrement dans sa vie. L’intelligence humaine contribue certes dans l’acte de foi mais reconnaissons que celle-ci n’est pas une résultante des seuls efforts du chrétien. Elle est une vertu, une grâce que le chrétien doit demander à Dieu qui est aussi prompt à la lui accorder. Etre chrétien et croire sont intrinsèquement liés. La foi est plus que jamais indispensable pour la survie spirituelle du chrétien. Il a fallu la foi pour attendre l’avènement du Messie, il a fallu la foi pour le reconnaître, il faut la foi pour attendre son retour (la parousie). Il nous faudrait peut-être même la foi dans l’Au-delà car, même en contemplant Dieu tel qu’Il est (comme le dit Saint Jean) nous ne pourrions pas comprendre tous les mystères qui entourent sa divinité.


Sources :

Bible de Jérusalem, (BJ), Paris Cerf ∕ Verbum Bible, 1995.
Catéchisme de l’Église Catholique, nouvelle édition/centurion/cerf/Fleurus-Mame/CEC, 2011


KOALA Hermann
Deuxième année                                                                                                                                              




Related Posts:

0 commentaires:

Enregistrer un commentaire