Le mystère pascal au centre
de la vie du chrétien
L’homme peut être défini comme un être religieux, « homo
religiosus ». De ce fait, il cherche à comprendre sa destinée. Le
peuple juif pendant longtemps fit l’expérience d’un Dieu, marchant avec lui,
l’enseignant, le corrigeant en très bon pédagogue. La religion chrétienne
provient du judaïsme mais se démarque d’elle par sa reconnaissance du Messie en Jésus Christ,
venu restaurer son image à la ressemblance de Dieu. Cette restauration
s’effectue pleinement dans sa passion, mort et résurrection et s’avère être un
mystère. Dans le but de comprendre ce mystère dit pascal dans la vie du
chrétien, nous situerons tout d’abord cette fête dans son contexte
historique ; ensuite, nous montrerons sa place dans le mystère chrétien.
Nous vous proposerons pour terminer quelques pistes pour davantage profiter des
grâces pascales.
Histoire de
la fête pascale, des origines à nos jours
La
célébration de la pâque remonte au temps des hébreux. En effet, le peuple juif
en mémoire de leur libération de l’esclavage en Egypte célébrait le repas
pascal. Cette célébration consistait à expliquer l’histoire du salut depuis
Abraham, Isaac, Jacob, Moïse. Après quoi, la famille réunie mange des herbes
amères : c’est la fête. Un enfant au début prenait la parole et posait la
question au plus ancien : « Pourquoi sommes-nous réunis
aujourd’hui ? » Voilà comment l’explication de l’histoire du salut
était introduite. Généralement cette fête a lieu le 15 du mois de Nisan ;
le mois commençant le jour de la
nouvelle lune. Et le 15 du mois correspondait à la pleine lune. Ce jour-là, de
génération en génération, les Israélites observaient une veillée en l’honneur
du Seigneur.
Jésus
au cours de sa vie publique a célébré cette fête. L’Evangile nous apprend que
lorsque Jésus avait douze ans, il monta à Jérusalem avec ses parents qui eux
aussi avaient l’habitude chaque année d’y aller pour la fête de Pâque (cfLc
2,41).Sa passion, sa mort et sa résurrection s’inscrivent d’ailleurs dans le
contexte de la pâque juive. Par anticipation, Jésus vit cette fête avec ses disciples mais cette
fois-ci avec une nouveauté : l’institution de l’Eucharistie et le don de sa vie sur la croix. Le jeudi saint et
le vendredi saint sont étroitement liés. La cène et la croix doivent donc être
liées au repas pascal juif qui faisait jusque-là mémoire de la libération du
peuple d’Israël de l’esclavage d’Egypte.
Après
la résurrection du Seigneur, selon la recommandation de Jésus (« faites
ceci en mémoire de moi »), et à la suite de ses apôtres, les premiers
chrétiens se réunissaient le jour du
Seigneur (« dies Domini ») pour faire mémoire non plus de la
libération d’Israël, mais, de leur propre libération de l’esclavage du péché et
de la mort. Selon le témoignage des actes des Apôtres et de Saint Justin, ces
célébrations (en mémoire) se déroulaient en deux étapes : l’écoute du
témoignage des Apôtres et la fraction du pain (cf Ac 2,42).
La
célébration de Pâques fut décalée au dimanche qui suit la Pâque juive au sortir
du concile de Nicée I en 324. Classée sous le registre des fêtes mobiles par
l’Eglise, la fête pascale n’a pas de date fixe et est fonction de l’équinoxe de
printemps. Elle est capitale dans la vie du chrétien puisque c’est un mystère
qui se situe au cœur même du mystère chrétien.
Le mystère
pascal au centre du mystère chrétien
Depuis
le péché originel, Dieu a entrepris de sauver la nature humaine. Ce dessein de
salut se manifeste à travers les
révélations aussi bien dans la création que dans l’histoire. Jésus Christ
marque la plénitude de cette révélation selon le christianisme. Il est la tête
dans la création et demeure la clé et le centre dans l’histoire. L’esprit
humain cependant ne peut épuiser la compréhension de ce processus salutaire.
C’est pourquoi la révélation reste un mystère chrétien.
Nombre
d’éléments nous permettent de comprendre partiellement ce mystère bien que la
révélation soit totale avec la venue de Jésus Christ. En fait, c’est Jésus
Christ lui-même qui fait le mystère chrétien. Il est la clé du plan révélateur
et la révélation suprême du visage de Dieu. En sa personne, révélateur et
révélation sont confondus. On comprend alors que la révélation de Dieu se
dégage de l’expérience de Jésus de Nazareth. N’a-t-il pas dit : « le
temps est accompli et le règne de Dieu s’est approché : convertissez-vous
et croyez à la bonne nouvelle » (Mc 1,15) ? Ailleurs, il dira qu’en sa personne
s’accomplie l’Ecriture. ( Lc 4,21). Mais tout cela, il faut le reconnaître, se
concentre dans l’évènement pascal. Pour Benoît XVI, «La véritable
nouveauté du Nouveau Testament ne consiste pas en des idées nouvelles, mais
dans la figure même du Christ, qui donne chair et sang aux concepts – un
réalisme inouï... Dans sa mort sur la croix s’accomplit le retournement de Dieu
contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever l’homme et le sauver –
tel est l’amour dans sa forme la plus radicale. » (Benoît XVI, lettre
Encyclique Deus Caritas est, n°12). On peut à partir de là affirmer que la
passion, la mort en croix et la résurrection du Christ, bref le mystère pascal,
constituent la vraie « clé herméneutique »de la révélation de Dieu. A
partir de cet évènement pascal, les disciples vont commencer véritablement leur
mission apostolique en lien étroit avec le mandat missionnaire avec la force de
l’Esprit Saint qu’ils ont reçue au jour de la pentecôte. Les Actes des Apôtres
nous en rendent compte à travers le récit de l’annonce kérygmatique(cfAc
2,14-4). Saint Paul lie la foi chrétienne à l’évènement pascal quand il
écrit que « Si le Christ n’est pas ressuscité, vide est alors notre
message, vide aussi votre foi. » (1co 15,14) Le mystère pascal occupe une
place capitale dans la vie du chrétien croyant.
Le mystère
pascal dans la vie du croyant
En
parcourant l’histoire du mystère du salut, on se rend compte avec Paul de Surgy
que « la célébration de la première pâque, l’intervention de YHWH, le
passage de la mer rouge, la marche dans le désert en un mot l’exode occupent
une place de choix dans la pensée d’Israël et marquent profondément son âme
religieuse. » (Paul de Surgy, les grandes étapes du mystère du salut, les
éditions ouvrières, Parisp. 61-70). Cet exode permet d’avoir une idée sur Dieu.
C’est le même Dieu Unique à l’origine de toute l’histoire du salut. Il sauve
son peuple de l’esclavage d’Egypte en leur indiquant le salut à venir ;
c’est en cela que la pâque est comprise comme le passage de la captivité à la
liberté, de la servitude au service du vrai Dieu.
Parallèlement,
l’Evangile nous apprend que nous ne sommes pas destinés au néant : un
avenir nous est promis et offert. Et le message pascal de la victoire du Christ
sur la mort retenti comme un espoir et un appel à lutter contre les puissances
destructives. Le ressuscité nous donne le courage, la force et la victoire pour
le combat dans la vie. C’est en vertu de la nouvelle Alliance que le Fils de Dieu scellée par le Fils de Dieu dans son propre
sang, que le croyant est animé d’une
espérance en la résurrection des morts et à la vie éternelle. La
célébrationpascale opère donc une liaison des temps : temps du calvaire et
temps de la Jérusalem céleste. Cette célébration est plus ou moins traduite
dans la liturgie eucharistique. En somme les fêtes pascales préparent le
croyant à la vie future tout en le libérant des forces du mal qui l’oppriment
et qui l’écrasent depuis la faute d’Adam. Cette figure de l’aventure humaine
transparait dans l’image de la sortie d’Egypte des hébreux. Le croyant en
participant à la célébration pascale célèbre son propre retour à la vie. Face à
cette importance capitale du mystère pascal, le croyant est appelé à intégrer
désormais cette mémoire dans son vécu quotidien. Mais comment arriver à
intégrer la Pâques dans nos vies ?
Quelques pistes pour davantage profiter des grâces
pascales
Rappelons
que la vie spirituelle est un combat. Ce combat est à la fois spirituel et
corporel. Mais Jésus la rendu possible
ce qui semblait impossible pour l’homme. L’accès à ce monde de possibles ne
peut se faire sans l’aide de Jésus « Sans moi, vous ne pouvez
rien faire » (Jn 15, 1-5). C’est dans la prière que le chrétien peut
réaliser la présence de Jésus à ses côtés Selon Jean Paul II, la prière est la
première et la dernière condition de la conversion, du progrès spirituel ;
et prier est un don que l’on obtient de Dieu. On n’apprend pas la prière comme
on apprendrait une technique. C’est finalement une grâce. Dans la Bible, la
liturgie de l’Eglise et dans les vertus théologales on retrouve de nombreux
éléments de la prière aussi bien personnels que communautaire pouvant nous
aider dans ce sens.
Ø D’abord la Bible
La
Bible révèle Dieu aux hommes et les hommes aux hommes. « Il ne s’agit
pas d’une parole sans importance pour vous, c’est votre vie. » (Dt 32,47).
Une bonne lecture quotidienne de la
Bible renforce la présence du ressuscité dans la vie du chrétien. Elle est
d’autant plus importante quand elle nous « entraine à la justice »
et à tendre vers les réalités de la
Jérusalem céleste. Nous devons porter des fruits qui demeurent à la lecture de
la Bible, faute de quoi nous serions comme des ballons qui une fois percés sont
jetés à la poubelle. Dans le livre des psaumes par exemple on trouvera des prières pour toute circonstance
de la vie. Par exemple il y a des psaumes de supplication (Ps 5 ;
35 ; 86 ; 88 ; …), des psaumes d’action de grâce ( Ps
67 ; 124 …), des psaumes de louange ( Ps
8 ;29 ;100 ;…)
Ø Ensuite la liturgie de l’Eglise
«
L’Eucharistie, source et sommet de toute vie chrétienne », reste la
nourriture qui apporte foi, espérance, et charité pour le chrétien. Et si on
s’en rendait compte, on ferait tout pour ne pas rater la messe sans raison
valable. C’est le résumé de la Pâques chrétienne. Participer pleinement à une
messe c’est revivre le mystère pascal en
entier : de la passion à la résurrection. Le sacrement de la
réconciliation dispose le chrétien dans ce sens et lui fait obtenir
d’abondantes grâces du mystère pascal. Il nous réconcilie avec Dieu et avec nos
frères, restaure en nous la vie divine ou l’augmente et nous donne la force
d’accomplir le bien et résister au mal. Le gloria chanté les dimanches
et les jours, de solennité est une véritable prière de louange, d’action de
grâce.
Ø Enfin les vertus théologales : foi, charité et
espérance
Les
vertus théologales constituent le fondement de toute la vie chrétienne. De
nombreux passages du Nouveaux Testament en témoignent : « L’homme est
justifié par la foi »(Rm3,28) ; « Sans la foi, il est impossible
de plaire à Dieu » (Hb 11,6). Jésus a souvent répété cette phrase dans les
Evangiles : « Va en paix, ta foi t’a sauvé ».
La foi nous permet d’adhérer à la Parole de Dieu. On
pourrait aussi citer Gal 2,16 ; Lc 7,9 ; Mt 17,20 etc.
La
charité est l’accomplissement de la loi : « Aimer son prochain
comme soi-même ». C’est l’aspect pratique de la prière qui se
dégage. « Aimer » avec toutes les implicationsde ce verbe, à la
manière de Jésus. En cela nous pouvons espérer à la vie éternelle, à la
résurrection d’entre les morts, à la pâque sans risque d’être déçu : « L’Espérance
ne déçoit point ».(Rm 5, 5)
En
plus de tout cela ayons à cœur de pratiquer les œuvres de miséricorde aussi
bien corporelles (donner à manger à ceux qui ont faim, à boire à ceux qui ont
soif, revêtir les nus, loger les étrangers, visiter les malades, racheter les
prisonniers, ensevelir les morts) que spirituelles (corriger les pécheurs,
instruire les ignorants, prier pour le salut du prochain, donner de bons
conseils à ceux qui en ont besoin, consoler les affligés, souffrir patiemment les
injures, pardonner les offenses).
Après
ce parcours, retenons que la célébration des fêtes de pâque est un évènement
historique situé au cœur du mystère chrétien. Le rappel de la passion, mort et
résurrection du Christ rythme la vie du croyant et l’oriente vers les réalités
célestes. C’est la marque fondamentale de sa foi. Il doit donc s’efforcer dans
une prière inlassablement soutenue par la Parole de Dieu de vivre dans une
charité parfaite. En outre, le chrétien est aussi appelé à contempler les mystères
de Jésus à travers la récitation du chapelet. Pie XII recommandait :
« Que le rosaire soit dans les mains de tous ». Avec le chapelet, de
la Vierge Marie, le chrétien triomphe de Satan. « Le rosaire est un
fortifiant, un tonique » disait Léon XIII. N’ayons pas peur d’aller à
Jésus par Marie. Que l’Esprit de sagesse, de conseil, de science,
d’intelligence, de force, de piété et de crainte de Dieu soit avec nous pour
toujours. Amen.
Bibliographie
HARRINGTON
Wilfried, Nouvelle Introduction à la Bible, éditions du SeuilParis,
1970.
Paul
de Surgy, Les grandes étapes du mystère du salut, Paris, les éditions
ouvrières,
SIDIBE
Jacques Emilien, le mystère des mystères : Essai de réflexion
sur la formation du dogme de la Sainte Trinité et de ses implication,
Ouagadougou, Les Presses Africaine, 2015
Benoît
XVI, Lettre Encyclique Deus Caritas, Rome, Le 25 Décembre 2005
Abbé
Paul, Lumière de Vérité pour Vie de Charité, Paris, Pierre TEQUI
éditeur, 2011
Abbé
Paul, Le dessein de Dieu et les merveilles de son amour miséricordieux,
Paris, Pierre TEQUI éditeur, 2002
TRAWINA Lamoussa Urbain, Troisième année
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