samedi 12 mai 2018

LE MYSTÈRE PASCAL AU CENTRE DE LA VIE DU CHRÉTIEN


     Le mystère pascal au centre de la vie du chrétien

            L’homme peut être défini comme un être religieux, « homo religiosus ». De ce fait, il cherche à comprendre sa destinée. Le peuple juif pendant longtemps fit l’expérience d’un Dieu, marchant avec lui, l’enseignant, le corrigeant en très bon pédagogue. La religion chrétienne provient du judaïsme mais se démarque d’elle par  sa reconnaissance du Messie en Jésus Christ, venu restaurer son image à la ressemblance de Dieu. Cette restauration s’effectue pleinement dans sa passion, mort et résurrection et s’avère être un mystère. Dans le but de comprendre ce mystère dit pascal dans la vie du chrétien, nous situerons tout d’abord cette fête dans son contexte historique ; ensuite, nous montrerons sa place dans le mystère chrétien. Nous vous proposerons pour terminer quelques pistes pour davantage profiter des grâces pascales.

Histoire de la fête pascale, des origines à nos jours

            La célébration de la pâque remonte au temps des hébreux. En effet, le peuple juif en mémoire de leur libération de l’esclavage en Egypte célébrait le repas pascal. Cette célébration consistait à expliquer l’histoire du salut depuis Abraham, Isaac, Jacob, Moïse. Après quoi, la famille réunie mange des herbes amères : c’est la fête. Un enfant au début prenait la parole et posait la question au plus ancien : « Pourquoi sommes-nous réunis aujourd’hui ? » Voilà comment l’explication de l’histoire du salut était introduite. Généralement cette fête a lieu le 15 du mois de Nisan ; le mois  commençant le jour de la nouvelle lune. Et le 15 du mois correspondait à la pleine lune. Ce jour-là, de génération en génération, les Israélites observaient une veillée en l’honneur du Seigneur.
            Jésus au cours de sa vie publique a célébré cette fête. L’Evangile nous apprend que lorsque Jésus avait douze ans, il monta à Jérusalem avec ses parents qui eux aussi avaient l’habitude chaque année d’y aller pour la fête de Pâque (cfLc 2,41).Sa passion, sa mort et sa résurrection s’inscrivent d’ailleurs dans le contexte de la pâque juive. Par anticipation, Jésus  vit cette fête avec ses disciples mais cette fois-ci avec une nouveauté : l’institution de l’Eucharistie et le  don de sa vie sur la croix. Le jeudi saint et le vendredi saint sont étroitement liés. La cène et la croix doivent donc être liées au repas pascal juif qui faisait jusque-là mémoire de la libération du peuple d’Israël de l’esclavage d’Egypte.
            Après la résurrection du Seigneur, selon la recommandation de Jésus (« faites ceci en mémoire de moi »), et à la suite de ses apôtres, les premiers chrétiens se réunissaient le  jour du Seigneur (« dies Domini ») pour faire mémoire non plus de la libération d’Israël, mais, de leur propre libération de l’esclavage du péché et de la mort. Selon le témoignage des actes des Apôtres et de Saint Justin, ces célébrations (en mémoire) se déroulaient en deux étapes : l’écoute du témoignage des Apôtres et la fraction du pain (cf Ac 2,42).
            La célébration de Pâques fut décalée au dimanche qui suit la Pâque juive au sortir du concile de Nicée I en 324. Classée sous le registre des fêtes mobiles par l’Eglise, la fête pascale n’a pas de date fixe et est fonction de l’équinoxe de printemps. Elle est capitale dans la vie du chrétien puisque c’est un mystère qui se situe au cœur même du mystère chrétien.

Le mystère pascal au centre du mystère chrétien

            Depuis le péché originel, Dieu a entrepris de sauver la nature humaine. Ce dessein de salut  se manifeste à travers les révélations aussi bien dans la création que dans l’histoire. Jésus Christ marque la plénitude de cette révélation selon le christianisme. Il est la tête dans la création et demeure la clé et le centre dans l’histoire. L’esprit humain cependant ne peut épuiser la compréhension de ce processus salutaire. C’est pourquoi la révélation reste un mystère chrétien.
            Nombre d’éléments nous permettent de comprendre partiellement ce mystère bien que la révélation soit totale avec la venue de Jésus Christ. En fait, c’est Jésus Christ lui-même qui fait le mystère chrétien. Il est la clé du plan révélateur et la révélation suprême du visage de Dieu. En sa personne, révélateur et révélation sont confondus. On comprend alors que la révélation de Dieu se dégage de l’expérience de Jésus de Nazareth. N’a-t-il pas dit : « le temps est accompli et le règne de Dieu s’est approché : convertissez-vous et croyez à la bonne nouvelle » (Mc 1,15) ?  Ailleurs, il dira qu’en sa personne s’accomplie l’Ecriture. ( Lc 4,21). Mais tout cela, il faut le reconnaître, se concentre dans l’évènement pascal. Pour Benoît XVI, «La véritable nouveauté du Nouveau Testament ne consiste pas en des idées nouvelles, mais dans la figure même du Christ, qui donne chair et sang aux concepts – un réalisme inouï... Dans sa mort sur la croix s’accomplit le retournement de Dieu contre lui-même, dans lequel il se donne pour relever l’homme et le sauver – tel est l’amour dans sa forme la plus radicale. » (Benoît XVI, lettre Encyclique Deus Caritas est, n°12). On peut à partir de là affirmer que la passion, la mort en croix et la résurrection du Christ, bref le mystère pascal, constituent la vraie « clé herméneutique »de la révélation de Dieu. A partir de cet évènement pascal, les disciples vont commencer véritablement leur mission apostolique en lien étroit avec le mandat missionnaire avec la force de l’Esprit Saint qu’ils ont reçue au jour de la pentecôte. Les Actes des Apôtres nous en rendent compte à travers le récit de l’annonce kérygmatique(cfAc 2,14-4). Saint Paul lie la foi chrétienne à l’évènement pascal quand il écrit que « Si le Christ n’est pas ressuscité, vide est alors notre message, vide aussi votre foi. » (1co 15,14) Le mystère pascal occupe une place capitale dans la vie du chrétien croyant.

Le mystère pascal dans la vie du croyant

            En parcourant l’histoire du mystère du salut, on se rend compte avec Paul de Surgy que « la célébration de la première pâque, l’intervention de YHWH, le passage de la mer rouge, la marche dans le désert en un mot l’exode occupent une place de choix dans la pensée d’Israël et marquent profondément son âme religieuse. » (Paul de Surgy, les grandes étapes du mystère du salut, les éditions ouvrières, Parisp. 61-70). Cet exode permet d’avoir une idée sur Dieu. C’est le même Dieu Unique à l’origine de toute l’histoire du salut. Il sauve son peuple de l’esclavage d’Egypte en leur indiquant le salut à venir ; c’est en cela que la pâque est comprise comme le passage de la captivité à la liberté, de la servitude au service du vrai Dieu.
            Parallèlement, l’Evangile nous apprend que nous ne sommes pas destinés au néant : un avenir nous est promis et offert. Et le message pascal de la victoire du Christ sur la mort retenti comme un espoir et un appel à lutter contre les puissances destructives. Le ressuscité nous donne le courage, la force et la victoire pour le combat dans la vie. C’est en vertu de la nouvelle  Alliance que le Fils de Dieu  scellée par le Fils de Dieu dans son propre sang,  que le croyant est animé d’une espérance en la résurrection des morts et à la vie éternelle. La célébrationpascale opère donc une liaison des temps : temps du calvaire et temps de la Jérusalem céleste. Cette célébration est plus ou moins traduite dans la liturgie eucharistique. En somme les fêtes pascales préparent le croyant à la vie future tout en le libérant des forces du mal qui l’oppriment et qui l’écrasent depuis la faute d’Adam. Cette figure de l’aventure humaine transparait dans l’image de la sortie d’Egypte des hébreux. Le croyant en participant à la célébration pascale célèbre son propre retour à la vie. Face à cette importance capitale du mystère pascal, le croyant est appelé à intégrer désormais cette mémoire dans son vécu quotidien. Mais comment arriver à intégrer la Pâques dans nos vies ?




Quelques pistes pour davantage profiter des grâces pascales

            Rappelons que la vie spirituelle est un combat. Ce combat est à la fois spirituel et corporel. Mais  Jésus la rendu possible ce qui semblait impossible pour l’homme. L’accès à ce monde de possibles ne peut se faire sans l’aide de Jésus  « Sans moi, vous ne pouvez rien faire » (Jn 15, 1-5). C’est dans la prière que le chrétien peut réaliser la présence de Jésus à ses côtés Selon Jean Paul II, la prière est la première et la dernière condition de la conversion, du progrès spirituel ; et prier est un don que l’on obtient de Dieu. On n’apprend pas la prière comme on apprendrait une technique. C’est finalement une grâce. Dans la Bible, la liturgie de l’Eglise et dans les vertus théologales on retrouve de nombreux éléments de la prière aussi bien personnels que communautaire pouvant nous aider dans ce sens.

Ø  D’abord la Bible

            La Bible révèle Dieu aux hommes et les hommes aux hommes. « Il ne s’agit pas d’une parole sans importance pour vous, c’est votre vie. » (Dt 32,47). Une bonne lecture quotidienne  de la Bible renforce la présence du ressuscité dans la vie du chrétien. Elle est d’autant plus importante quand elle nous « entraine à la justice » et  à tendre vers les réalités de la Jérusalem céleste. Nous devons porter des fruits qui demeurent à la lecture de la Bible, faute de quoi nous serions comme des ballons qui une fois percés sont jetés à la poubelle. Dans le livre des psaumes par exemple on  trouvera des prières pour toute circonstance de la vie. Par exemple il y a des psaumes de supplication (Ps 5 ; 35 ; 86 ; 88 ; …), des psaumes d’action de grâce ( Ps 67 ; 124 …), des psaumes de louange ( Ps 8 ;29 ;100 ;…)

Ø  Ensuite la liturgie de l’Eglise

            «  L’Eucharistie, source et sommet de toute vie chrétienne », reste la nourriture qui apporte foi, espérance, et charité pour le chrétien. Et si on s’en rendait compte, on ferait tout pour ne pas rater la messe sans raison valable. C’est le résumé de la Pâques chrétienne. Participer pleinement à une messe  c’est revivre le mystère pascal en entier : de la passion à la résurrection. Le sacrement de la réconciliation dispose le chrétien dans ce sens et lui fait obtenir d’abondantes grâces du mystère pascal. Il nous réconcilie avec Dieu et avec nos frères, restaure en nous la vie divine ou l’augmente et nous donne la force d’accomplir le bien et résister au mal. Le gloria chanté les dimanches et les jours, de solennité est une véritable prière de louange, d’action de grâce.


Ø  Enfin les vertus théologales : foi, charité et espérance

            Les vertus théologales constituent le fondement de toute la vie chrétienne. De nombreux passages du Nouveaux Testament en témoignent : « L’homme est justifié par la foi »(Rm3,28) ; « Sans la foi, il est impossible de plaire à Dieu » (Hb 11,6). Jésus a souvent répété cette phrase dans les Evangiles : « Va en paix, ta foi t’a sauvé ».
La foi nous permet d’adhérer à la Parole de Dieu. On pourrait aussi citer Gal 2,16 ; Lc 7,9 ; Mt 17,20  etc.
            La charité est l’accomplissement de la loi : « Aimer son prochain comme soi-même ». C’est l’aspect pratique de la prière qui se dégage. « Aimer » avec toutes les implicationsde ce verbe, à la manière de Jésus. En cela nous pouvons espérer à la vie éternelle, à la résurrection d’entre les morts, à la pâque sans risque d’être déçu : « L’Espérance ne déçoit point ».(Rm  5, 5)
            En plus de tout cela ayons à cœur de pratiquer les œuvres de miséricorde aussi bien corporelles (donner à manger à ceux qui ont faim, à boire à ceux qui ont soif, revêtir les nus, loger les étrangers, visiter les malades, racheter les prisonniers, ensevelir les morts) que spirituelles (corriger les pécheurs, instruire les ignorants, prier pour le salut du prochain, donner de bons conseils à ceux qui en ont besoin, consoler les affligés, souffrir patiemment les injures, pardonner les offenses).

            Après ce parcours, retenons que la célébration des fêtes de pâque est un évènement historique situé au cœur du mystère chrétien. Le rappel de la passion, mort et résurrection du Christ rythme la vie du croyant et l’oriente vers les réalités célestes. C’est la marque fondamentale de sa foi. Il doit donc s’efforcer dans une prière inlassablement soutenue par la Parole de Dieu de vivre dans une charité parfaite. En outre, le chrétien est aussi appelé à contempler les mystères de Jésus à travers la récitation du chapelet. Pie XII recommandait : « Que le rosaire soit dans les mains de tous ». Avec le chapelet, de la Vierge Marie, le chrétien triomphe de Satan. « Le rosaire est un fortifiant, un tonique » disait Léon XIII. N’ayons pas peur d’aller à Jésus par Marie. Que l’Esprit de sagesse, de conseil, de science, d’intelligence, de force, de piété et de crainte de Dieu soit avec nous pour toujours. Amen.

Bibliographie

         HARRINGTON Wilfried, Nouvelle Introduction à la Bible, éditions du SeuilParis, 1970.

      Paul de Surgy, Les grandes étapes du mystère du salut, Paris, les éditions ouvrières,

SIDIBE  Jacques Emilien, le mystère des mystères : Essai de réflexion sur la formation du dogme de la Sainte Trinité et de ses implication, Ouagadougou, Les Presses Africaine, 2015

      Benoît XVI, Lettre Encyclique Deus Caritas, Rome, Le 25 Décembre 2005

      Abbé Paul, Lumière de Vérité pour Vie de Charité, Paris, Pierre TEQUI éditeur, 2011

      Abbé Paul, Le dessein de Dieu et les merveilles de son amour miséricordieux, Paris, Pierre TEQUI éditeur, 2002

      La Bible de Jérusalem (BJ), Paris, Cerf/ Verbum Bible, 1995.




                                                                                 TRAWINA Lamoussa Urbain, Troisième année
    

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